Aux origines de la Hunter Valley
Pendant près de 30 000 ans, les peuples indigènes des Wonnarua ont vécu en harmonie avec la nature dans les forêts de la Hunter Valley. À la fin du XVIIIe siècle, l’équilibre en place dans cette zone a été bouleversé par l’arrivée des colons britanniques en Nouvelle-Galles du Sud. Quelques mois après avoir fondé Sydney, les colons se sont dirigés vers les zones forestières au nord de la ville pour obtenir de nouvelles matières premières.
Dans les années 1820, les premiers pieds de vignes ont été plantés le long la rivière Hunter par un colon britannique nommé James Busby. Après avoir obtenu des résultats probants, il a organisé un voyage en Europe afin d’importer des boutures en provenance d’Espagne et de France. À son retour en Australie, il a formé une cinquantaine d’hommes à la viticulture tout en s’attelant au développement du vignoble de la Nouvelle-Galles du Sud.
Les travaux menés par James Busby ont permis à la Hunter Valley d’atteindre une surface productive de près de 200 hectares en 1840. Au cours de la seconde partie du siècle, la région s’est imposée comme une référence à l’échelle nationale. Certains grands noms de la viticulture australienne (Drayton, O’Shea, Tulloch, Tyrrell, Wilkinson) ont commencé à faire parler de la Hunter Valley à travers le monde.
Au début du XXe siècle, la région fût l’une des premières à délaisser les vins fortifier pour se concentrer à nouveau sur la production de vins tranquilles. Dès les années 1940, le Sémillon est devenu le cépage emblématique de la Hunter Valley sous l’impulsion de Maurice O’Shea. Au cours de cette période, de nombreuses campagnes de plantation ont été mises en œuvre pour répondre à la demande croissante du marché nationale.
Au début des années 1990, la Hunter Valley a connu un développement fulgurant grâce à l’arrivée de nouveaux capitaux. D’importants investissements ont été réalisés pour réhabiliter les vignobles, moderniser les infrastructures et développer une activité oenotouristique au sein des propriétés viticoles. Désormais, la gastronomie locale et les productions de Chardonnay, Sémillon et de Shiraz bénéficient d’une renommée mondiale.

La Hunter Valley ou l’histoire d’une viticulture héroïque
La Hunter Valley est une région viticole située à 160 kilomètres au nord de la ville de Sydney. Elle se trouve sur les contreforts du mont Brokenback qui fait partie d’une des plus grandes chaînes montagneuses de Nouvelle-Galles du Sud, la Great Dividing Range. La majeure partie des 2 600 hectares du vignoble de la Hunter Valley se situe sur des collines ondulées à basse altitude (20 à 250 mètres). On retrouve des parcelles de vignes dans trois sous-régions : Lower Hunter Valley, Polkobin et Upper Hunter Valley.
La région repose sur un ancien fond marin qui a vu les dépôts de sa couche supérieure se comprimer en roche, en schiste et en charbon au fil du temps. Ainsi, ce processus a permis d’obtenir des sols riches et variés (argile, limon, loam, sable) qui offrent la possibilité de produire de nombreux styles de vins dans les 150 propriétés viticoles de la région.
La Hunter Valley est sans doute la seule région au monde à produire des vins de grande qualité sous un climat subtropical. Au cours du printemps et de l’été, les journées sont particulièrement chaudes et humides. Il n’est pas rare de voir les températures dépasser les 40 degrés. En parallèle, les vignerons doivent faire face à des pluies diluviennes (entre 400 et 600 millimètres en quelques semaines) et à des orages à la fin du cycle végétatif. Cela conduit les producteurs à vendanger précocement certaines parcelles pour limiter les risques de pourritures.
La production de raisins est rendue possible uniquement grâce à la présence d’une couverture nuageuse quotidienne et de brises fraîches provenant de l’océan. La combinaison de ces deux facteurs permet de limiter l’exposition des grappes au soleil et donc de conserver suffisamment de fraîcheur dans le vignoble au cours l’été. Afin de renforcer la protection des raisins, les viticulteurs adapte la gestion de la surface foliaire. Ils doivent trouver une méthode hybride qui permet à la fois de lutter contre les rayons du soleil tout en laissant circuler suffisamment d’air pour limiter le développement de maladies cryptogamiques.
La Hunter Valley est l’une des seules régions australiennes à produire une majorité de vins blancs (53%). Pour autant, c’est la Shiraz qui est le cépage dominant dans la région (25%). On retrouve ensuite le Sémillon (24%), le Chardonnay (22%) et le Verdelho (18%). Enfin, certains microclimats permettent de produire des vins à base de Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc, Pinot Noir et Tempranillo. Seule une infime part de la production est exportée (7%) même si cela tend à augmenter. Pour l’heure, les trois principaux marchés de la Hunter Valley sont : le Royaume-Uni (22%), Hong-Kong (18%) et les Etats-Unis (11%).

Une interprétation inégalable du Sémillon
À première vue, le Sémillon est un cépage sensible aux maladies qui ne devrait pas pouvoir s’exprimer de façon idéale sous un climat subtropical. Pour autant, l’audace et le talent des producteurs de la région ont permis à la Hunter Valley d’obtenir un style de vin que l’on ne rencontre nulle part ailleurs. Pour arriver à ce résultat, les raisins doivent être vendangés avant les pluies diluviennes qui surviennent généralement à partir du mois de février. Fort heureusement, le degré d’ensoleillement estival de la Hunter Valley permet de récolter des raisins suffisamment matures dès la fin du mois du décembre.
Le Sémillon de la Hunter Valley se caractérise avant tout par une vive acidité. Une fois vinifié, son échelle de pH se situe généralement entre 3 et 3,15. De la même façon, son niveau d’acidité totale peut atteindre jusqu’à 7 g/L. A contrario, son degré d’alcool est plutôt faible (10 à 11,5 %). Ces caractéristiques permettent au vin de vieillir sereinement en bouteille pendant plusieurs dizaines d’années.
Dans sa jeunesse, le Sémillon de la Hunter Valley présente des arômes d’agrumes (citron, pamplemousse) et de fruits verts (coing, pomme) ainsi que des notes herbacées. Après avoir reposé pendant un certain temps en bouteille, il arbore une robe dorée et développe une large palette aromatique. On retrouve généralement des saveurs de miel et de paille accompagnées de notes toastées et vanillées. Bien qu’il ne soit pas élevé en fûts de chêne, il offre une rondeur similaire à celle d’un grand Chardonnay bourguignon.
Guide des millésimes de la Hunter Valley
Millésime | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 |
Vins blancs | 7 | 9 | 8 | 9 | – |
Vins rouges | 6 | 8 | 9 | 8 | – |
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