Pérou

Pérou

L’histoire du vignoble péruvien

Des sommets de la viticulture sud-américaine aux champs de coton

L’histoire de la viticulture péruvienne a débuté au XVIe siècle avec l’arrivée des conquistadors espagnols. Les missionnaires catholiques auraient planté les premiers ceps de vigne en 1540. Initialement, la production viticole devait être réservée à l’élaboration du vin de messe. Pour autant, cela n’a pas empêché les vignerons de commercialiser leur production lorsque l’économie s’est développée dans les principales villes du pays. 

Au début du XVIIe siècle, le Pérou est devenu leader de la viticulture sud-américaine grâce à sa production d’une eau-de-vie de vin nommée Pisco. Les vignobles se sont développés dans les régions d’Arequipa, d’Ica et de Lima. Parallèlement, un vaste réseau de distribution a été mis en place pour répondre à la demande en provenance de la ville de Potosí. A l’époque, cette station minière abritait plus de 250 000 personnes au sud-ouest de la Bolivie. 

Malheureusement, la suprématie du vignoble péruvien a été ébranlée lorsqu’un violent séisme a touché le sud du pays en 1687. Les installations viticoles ont été presque entièrement détruites. Après s’être relevés de cette épreuve, les producteurs ont dû faire face à une série d’événements dramatiques. Les périodes de sécheresse se sont succédées et les épidémies ont décimé une part importante de la population locale au début du XVIIIe siècle.

Pour autant, les péruviens ont réussi à conserver leur place de leader de l’industrie viticole sud-américaine jusqu’à la moitié du XIXe siècle. Paradoxalement, c’est la Guerre de Sécession (1861-1865) qui a sonné le glas de la viticulture péruvienne. Cet évènement a contraint les américains à stopper leur exportation de coton vers l’Europe. De fait, les prix de cette matière première se sont envolés et les producteurs péruviens ont fait le choix d’abandonner le vin pour se consacrer au coton. L’épidémie de phylloxéra de 1874 et la guerre du Pacifique (1879-1884) ont parachevé le déclin de la viticulture péruvienne.

 

Cité Inca du Machu Picchu

Cité Inca du Machu Picchu

Une industrie au coeur du débat politique

Après une phase de stagnation dans la première moitié du XXe siècle, l’équilibre du vignoble national a été remis en cause par la réforme agraire du président Juan Velasco Alvarado en 1969. Les grands propriétaires terriens ont été expropriés et leurs exploitations ont été démantelées. Fort heureusement, le retour au pouvoir du président Fernando Belaùnde Terry (1980) a redonné un nouveau souffle au vignoble péruvien. Les domaines viticoles les plus prestigieux ont pu se reformer pour retrouver leur lustre d’antan. Parallèlement, de nombreux emplois ont été créés à la suite des réformes mises en place par le gouvernement.

Au cours des années 1997 et 1998, le vignoble péruvien a été touché par El Niño. Ce phénomène d’interaction entre les courants océaniques et le climat a entraîné une hausse importante des populations de phylloxera et de nématodes. Les vignerons ont été contraints d’abandonner les vignes franche de pied pour se tourner vers des porte-greffes.

Dernièrement, des investissements colossaux ont été réalisés pour répondre à la demande internationale de Pisco et de raisins frais. En moins de 20 ans, la superficie du vignoble national a été multipliée par trois. De facto, la production de vin tranquille a connu une forte croissance. Parallèlement, le niveau de qualité a considérablement augmenté dans certains vignobles de la Vallée d’Ica. Désormais, les meilleurs vins de la région sont exportés vers les plus grands marchés internationaux.

 

Port de pêche de la ville de Pisco

Port de pêche de la ville de Pisco

La viticulture péruvienne en chiffres

Le vignoble péruvien est situé entre le 12e et le 18e parallèle Sud. Il s’étend sur plus de 1200 kilomètres le long de l’océan Pacifique et se compose de 48 000 hectares de vignes. 84 % de cette surface est dédié à la production de raisins frais. Seulement 16 % du vignoble est réservé à l’élaboration de Pisco (12%) et de vin tranquille (4%). 200 000 hectolitres sont produits en moyenne chaque année. Cela permet au Pérou de se positionner comme le 5e producteur en Amérique du Sud et le 40e à l’échelle mondiale. En moyenne, 0,5% de la production de vins tranquilles est exportée. 

L’encépagement est dominé par les variétés destinées à l’élaboration de vins rouges (90 %). Les cépages phares sont le Concord (35%) et l’Isabelle (45%). Ils sont régulièrement assemblés l’un à l’autre pour donner naissance au Borgoña. C’est un vin rouge sucré qui se caractérise par des arômes de bonbon et de fraise des bois. Les variétés nobles que l’on retrouve généralement en Europe ne représentent que 20% du vignoble péruvien.

La viticulture est présente dans cinq régions : Ica (30%), Lima (27%), Arequipa (19%), Moquegua (14%) et Tacna (10%). On retrouve des parcelles de vignes aussi bien à proximité du littoral que sur les contreforts de la Cordillère des Andes. La proximité avec l’équateur oblige les producteurs à trouver des zones tempérées par l’altitude ou par les vents froids de l’océan Pacifique.

Les deux caractéristiques majeures de la viticulture péruvienne sont l’absence de pluie et l’ensoleillement court et intense. Cela permet à la fois d’optimiser la maturation des raisins et d’éviter la prolifération des maladies cryptogamiques. Pour autant, la combinaison de ces deux facteurs contraint les vignerons à irriguer pour éviter que les vignes ne souffrent d’un stress hydrique trop important.

En parallèle, une gestion spécifique doit être mise en place pour que la conduite du vignoble s’adapte au climat. On retrouve généralement une faible densité de plantation (2 500 et 4 000 pieds à l’hectare) pour limiter la concurrence à l’accès à l’eau. Les vignerons doivent également être vigilants à la gestion de la canopée pour protéger les raisins des risques de brûlures. La plupart d’entre eux optent pour un palissage vertical adapté de façon à ce que l’extrémité des rameaux retombe pour créer une ombre protectrice.

 

Vignoble de la Vallée d’Ica

Vignoble de la Vallée d’Ica

Les principales zones de production

Contrairement à son voisin chilien, le Pérou ne dispose pas d’un système d’indication géographique. Pour autant, les acteurs de l’industrie viticole accordent une importance particulière à la notion de terroir. Ces dernières années, des travaux d’études ont été mis en œuvre par des instituts de recherche spécialisés pour améliorer la compréhension du climat et des sols. L’objectif est que chacune des cinq régions viticoles puisse être reconnue par les consommateurs pour la typicité de ses vins.

La région de Lima

La zone la plus au nord du vignoble péruvien est située dans la région de Lima. On y retrouve des vignes aussi bien le long de l’océan Pacfique que sur les contreforts des Andes. Elle bénéficie de sa proximité avec la capitale et génère près de 27 % de la production nationale. Pour autant, l’élaboration de vins fins ne représente qu’une part infime de son activité. 

La région d’Ica

La première zone viticole du Pérou (30% de la production nationale) est située à 300 kilomètres au sud de Lima, dans la région d’Ica. Cette zone bénéficie d’un climat méditéraneen qui est tempéré par sa proximité avec l’océan Pacifique. L’ensoleillement court et intense, l’absence de pluie et les nuits fraîches permettent d’obtenir des conditions de maturation optimales lorsque les vignes disposent d’un système d’irrigation. Bien que la production soit majoritairement composée de Borgoña et Pisco, on retrouve une part non négligeable de vins élaborés à partir de Chardonnay, Malbec ou Tannat.

Les régions d’Arequipa, de Moquegua et de Tacna

En allant vers l’extrémité sud du territoire, on retrouve les régions d’Arequipa (19% de la production nationale), de Moquegua (14%) et de Tacna (10%). Le climat de ces trois zones viticoles est tempéré par l’océan Pacifique à l’ouest ou la cordillère des Andes à l’est. Les parcelles de vignes sont situées à une altitude comprise entre 50 et 2 000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Pour l’heure, les domaines viticoles ne disposent pas d’installations suffisamment performantes pour produire des vins de grande qualité.